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Journal très intime d'une esclave libre
2 juillet 2022

Esclave libre ?

Depuis l'apparition d'enoza, il me faut parfaire ma présentation. Tout d'abord, pourquoi esclave libre ? Voilà un oxymore peu fréquent qui mérite que je m'y attarde.

 

 

Je suis esclave de mes fantasmes, de mes envies hors normes. Il est difficile de pouvoir s'épanouir librement quand sexualité rime avec douleurs, violence et contraintes. Peu de partenaires de jeux, et quand il y en a, il faut souvent attendre qu'ils passent la phase de peurs (phase légitime et à mon sens saine parce que tout simplement humaine) :

 

- peur de faire mal, alors que c'est là que réside la presque totalité de mon plaisir,

 

- peur de briser : je ne me brise pas, je ploie, mais me redresse toujours,

 

- peur d'aller trop loin : impossible à moins que je ne me trompe de partenaire et que je tombe par mégarde sur un gros lourdaud de manipulateur. Ce qui risque fort peu d'arriver, mon radar est assez pointu dans ce domaine.

 

Bref, il n'est pas simple de pouvoir vivre l'intégralité de mes fantasmes. Ce que d'ailleurs, je n'ai encore jamais fait. En cela je vis un enfermement de mon potentiel sexuel. Et les chaines qui me retiennent sont faites de "société qui dit que" et de "éducation qui fait que". Qu'on s'entende, ce ne sont pas mes chaines à moi, mais bien celles de potentiels partenaires de jeu. Bien entendu, j'ai aussi porté des chaines que je m'étais fabriquées dans quelques relents du passé. Heureusement, elles n'existent plus. Il n'en reste pas moins qu'à part être super fan de la masturbation pimentée d'un pur et unique exercice mental, pour vivre pleinement mes fantasmes, il me faut à minima un partenaire. Ce qui me rend esclave de ma propre sexualité : il me faut attendre le bon vouloir et la bonne disposition d'un partenaire, que cela me fruste ou pas.

 

Je suis également libre, et ce sur plusieurs dimensions.

 

En premier lieu, mes anciennes chaines. Mon ancien moi, amazone, avait sa chaine faite en "passé de merde". Je m'autocensurais dans pas mal de domaines. La bonne nouvelle, c'est que je ne suis plus cette amazone, je suis devenue enoza, enfin libérée de ces contraintes. Je me sens puissante, et suffisamment aguerrie à l'exercice pour pouvoir m'engager dans une scène ou un jeu violent sans (trop) craindre pour ma santé physique et mentale.

 

Je suis libre également de toute domination. Le BDSM est une pratique que j'aime particulièrement. La domination et la soumission restent un jeu de rôle certes très très excitant, mais néanmoins toujours sous la forme d'un jeu. Dans la vie ordinaire (c'est à dire en dehors de l'espace du jeu), il n'existe aucune domination ni aucune soumission à mes yeux. J'ai d'ailleurs beaucoup de mal à imaginer une personne me dominant. Ce ne sera jamais un absolu. Il faudrait aller très très loin pour me dominer et je doute que cela soit possible. Et cela est bien et cela me convient. Je préfère jouer en mode libre, m'éclater à suivre un sadique à tendance dominante le temps d'une jouissance partagée que de me contraindre à croire au fantasme de la domination / soumission pour finir par vivre des montagnes russes émotionnelles. Car oui, je l'ai bien compris et intégré, être dominant 24/24 est impossible. Et je suis complètement d'accord avec ça. Tout comme être soumis 24/24 pour des joueurs comme moi est strictement impossible. Je suis donc libre de choisir mes partenaires, mes moments de jeux, d'accepter ou de refuser, de changer d'avis même à la dernière minute, de me lancer dans une partie de jeu et de tout stopper car j'ai un chouia surestimé mes capacités du jour. Je suis et reste libre de mes décisions et de mes choix tout comme le sont mes partenaires. Précision qui a son importance, car j'ai également une autre forme de liberté :

 

 

La liberté du non-jugement. Lorsque mon partenaire n'est pas dominant, n'a pas envie de jouer ou désire jouer soft (dans mon monde, soft signifie quelques coups de badines et une bonne fessé), cela est complètement ok pour moi. J'accueille avec bienveillance toutes les postures, m'y adapte lorsque cela est bon pour moi ou refuse simplement le jeu lorsque cela n'est pas bon pour moi. Sans aucun jugement, sans aucune rancoeur ou autre. Je m'accepte totalement et j'accepte totalement l'autre, dans toutes ses attitudes et envies de chaque moment. Cela va sans dire, mais c'est toujours mieux en le disant. Car si je suis libre de mes décisions et choix, il est plus qu'évident que l'autre l'est aussi. Si je demande à une relation d'accepter avec bienveillance mes envies ou non-envies, même si elles peuvent changer d'un jour à l'autre, j'accepte avec la même bienveillance les envies et non envies de mon partenaire de jeu. Le maitre mot dans tout ceci est "plaisir", non pas "devoir" ou "obligation"

 

Pour finir, je suis finalement plus libre qu'esclave. Je ne me suis jamais vraiment retrouvée dans les différentes définitions existantes dans l'univers très vaste du bdms : soumises, esclave, kajira et j'en passe. J'ai exploré le chemin de la soumise, puis celui de l'esclave et enfin celui de la kajira (enfin, pour celui-ci j'ai un doute. Je crois que je n'y ai posé que le petit orteil sans jamais avoir eu l'occasion de l'explorer totalement), mais sans jamais me trouver pleinement. Je suis soit inclassable (et cela est fort possible), soit totalement hors de ce monde du bdms. Peut-être ne suis-je au final qu'une libertine masochiste ? Mmm, voilà une piste à creuser dans un futur proche... Qui sait, sur un malentendu, peut-être m'y retrouverais-je ?

 

En attendant, je continue de flâner sur le chemin de l'existence et sur celui de ma sexualité. Et si jamais je ne m'y croise pas, j'aurai au moins profité de mille et un plaisirs. Que demander de plus ?

 



 

 

 

 

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Commentaires
B
Bravo pour la qualité de ta langue littéraire et la vérité vécue des sentiment que tu exprimes si finement. tu ferais le bonheur d'un psy qui pourrait ainsi reconstruire ton passé la naissance de tes sentiments si intensément vécus. et j'ose aussi l'affirmer : ce cheminement sur ton propre chemin devrait te procurer d'autres jouissances encore plus intensives parce que renforçant ton vécu d'aujourd'hui. Tu as été esclave, mais dans le fond, c'est toi qui as construit ton univers, en récupérant les matériaux de valeur justement à leur juste valeur.<br /> <br /> Je serais un partenaire comblé si tu m'offrais la possibilité de garder le contact avec toi...
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E
Bonjour enoza,<br /> <br /> Je tombe sur votre blog après un petit tour hebdomadaire de blogs d'autre asservies que je suis. Merci de partager avec tant de sincérité votre façon d'être, c'est très précieux pour moi de pouvoir lire ces témoignages - j'ai toujours vu l'intimité (lorsqu'elle est partagée sans artifices) très précieuse.<br /> <br /> <br /> <br /> Même si je me trouve à l'autre bout du spectre de l'esclave que vous décrivez, ça ne m'empêche pas de trouver votre oxymore d'une grande beauté. Je suis très heureuse d'avoir pu vous lire ce jour.<br /> <br /> <br /> <br /> Très belle après-midi à vous,<br /> <br /> esclave calliopée, propriété de Maestro Bap.
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É
Que voilà une analyse intéressante ma belle... N'en déplaise à certains, cet univers qu'on nomme BDSM est vaste, rempli de très nombreuses options de jeu et d'un joyeux mélange de qualificatifs qui se croisent,s'additionnent ou évoluent au fil des années et au gré des rencontres. Et c'est à mon sens ce qui fait sa richesse et sa beauté, sans la moindre limite excepté celles de son ou ses partenaires. <br /> <br /> Je te souhaite de belles années d'exploration, seule, à deux ou à plusieurs, le tout dans un plaisir immense 😊<br /> <br /> Je t'embrasse très fort ma belle, à très vite !<br /> <br /> Tendrement, <br /> <br /> élerinna, kajira d'Elendil
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